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De mon arrière-grand-père vigneron Lucien Aimé au négociant-artisan Lucien Aimé & Fils
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Je suis né le millésime 1978 à Montpellier. Une période charnière dans le monde du vin. C’était la fin des 30 glorieuses et d’un certain modèle agricole, productiviste et avec des œillères. Ce n’était pas encore la période où l’on parlait de réchauffement climatique, de développement durable et de viticulture bio, ou si peu. Mais n’allons pas trop vite…
Un héritage familial vigneron qui devient une passion et un métier
J’ai grandi en entendant parler de vigne et de vin chaque jour car mon arrière-grand-père était vigneron. En Algérie, son domaine dans l’oranais était une grande ferme. Polyculture et agroforesterie sont deux mots à la mode dont il n’avait pas besoin pour travailler selon ces deux principes, avec un bon sens paysan.
Nul doute que cet héritage m’a guidé dans ce que j’appelle ma première vie. Après des études d’agriculture à Dijon puis d’œnologie à Bordeaux, je suis durant 15 ans winemaker chez plusieurs négociants dans différents vignobles. J’ai la chance de vinifier et élever des dizaines de cépages sur des terroirs fantastiquement variés, de créer des cuvées confidentielles pour amateur averti tout comme des vins de soif plus populaire. Après le Languedoc, la Bourgogne et la Vallée du Rhône, je termine mon tour de France viticole par Bordeaux et plus largement le bassin viticole du Sud-Ouest, dont je tombe sous le charme.
Mon questionnement sur le monde du vin
Toutefois ces expériences me questionnent en profondeur sur la filière vin et le rôle du négociant-vinificateur en tant qu’intermédiaire entre le sol et le verre de vin. La création de valeur est-elle équitablement répartie? Pourquoi certains terroirs n’ont pas la reconnaissance qu’ils méritent? Pourquoi le vin est-il enfermé dans tant de cases, d’idées ou de techniques immuables? Les consommateurs d’aujourd’hui ont-ils les vins qu’ils souhaitent ou qu’ils méritent?
En parallèle, la naissance de mes enfants est un élément déclencheur et une vraie prise de conscience sur ce qu’est l’alimentation aujourd’hui. Par ricochet, dans mon métier je constate chaque jour l’impact de la viticulture sur l’environnement. Et je me demande quelles réponses concrètes peuvent être apportées pour changer les choses. J’en arrive à la conclusion que je peux faire partie de la solution. Par mon histoire, par mon parcours, par mon envie et mon énergie.
Devenir artisan négociant et s’engager pour changer l’ordre des choses
Il est temps pour moi de démarrer ma deuxième vie, sans doute celle qui m’était de toutes façons destinée. Je suis donc devenu en 2022 artisan négociant. Une expression qui signifie tout simplement ma façon de faire : signer des vins d’auteur engagés, dès que possible issus à 100% de l’agriculture biologique, en collaboration avec des vignerons rémunérés au delà des cours du marché pour garantir la pérennité des exploitations.
Un nouveau « far Ouest » à découvrir et inventer
Mes années à sillonner les terroirs du grand Sud-Ouest m’ont convaincu du potentiel exceptionnel qui s’y trouve. Cela sera mon terrain de jeu viticole, que ce soit dans le Bordelais, la Gascogne, Cahors ou tant d’autres appellations injustement méconnues.
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Mon arrière-grand-père s’appelait Lucien Aimé. Mes vins porteront son nom. Ce n’est pas seulement un hommage, c’est un défi. L’aventure commence !
Julien Touboul